28 février 2018

Lose yourself

Pause musicale. "Lose yourself", Eminem. Chanson intéressante car elle décrit le surplus d'énergie physique mais surtout mentale nécessaires pour arriver à ses fins. Avoir une conscience de soi et de ses actions suffisante pour s'évaluer, s'ajuster et agir au moment le plus opportun, qui ne vient pour la plupart des gens qu'une fois dans leur vie ("this opportunity comes once in a lifetime").


You better lose yourself in the music, the moment
You own it, you better never let it go
You only get one shot, do not miss your chance to blow
This opportunity comes once in a lifetime
You better lose yourself in the music, the moment
You own it, you better never let it go
You only get one shot, do not miss your chance to blow
This opportunity comes once in a lifetime you better


Empathie, identification et honte (L)

Empathie
Capacité à comprendre et prendre part aux émotions et expériences d'autrui. Forme évoluée de la syntonie — plus primaire, impulsive et renvoyant à la grégarité — qui appartient à une gamme plus évoluée d'émotions, contient d'importants composants intellectuels, résulte de la transformation psychique interne et du processus de désintégration positive à l'oeuvre. Capacité à répondre par le bénévolat, la réactivité et la volonté d'assister autrui mais aussi capacité à exprimer les divergences de vue par rapport à ses attitudes et actes.

Identification
Consiste à comprendre et expérimenter les états mentaux, aspirations, attitudes et activités d'autres personnes. La capacité d'identification n'est possible qu'à un niveau élevé de développement mental universel via un processus de désintégration positive. La conscience de soi et l'identification authentique n'est possible que reposant sur la fondation d'un milieu psychique interne riche. Elle est précédée et associée à des dynamismes tels que « sujet-objet », le 3ème facteur et la transformation du milieu psychique interne. 

Honte
L'un des dynamismes les plus précoces dans le développement, détresse et embarras conscients résultant d'une prédominance de la sensibilité tournée vers l'extérieur par rapport à la sensibilité interne. Se combine souvent avec la somatisation.

Ajustement, autonomie, développement mental et échelle de valeurs (L)

Ajustement
Etat d'harmonie résultant des efforts d'adaptation mis en place par l'individu vis-à-vis d'autrui, d'un schéma de comportement, d'un principe ou d'un idéal. Ajustement négatif (ou a-développemental) : résulte de l'acceptation de la conformité, des normes, coutumes en cours, sans évaluation critique. Peut aussi résulter de l'absence de réévaluation de ses propres besoins. 

Autonomie
Indépendance d'esprit développée consciemment en se dégageant des drivers de bas niveau et des influences de l'environnement extérieur ; elle n'est possible qu'à partir du développement d'autres dynamismes dans le milieu psychique, particulièrement le 3ème facteur. C'est un dynamisme de liberté intérieure. 

Développement mental
Passage des structures et de fonctions les plus basses vers de plus élevées, résultat de la désintégration positive. 

Échelle de valeurs
Résultat du processus de développement et d'activation des différents niveaux émotionnel qui prend source dans les conflits internes et reflète l'émergence de sentiments de valeur élevée ou au contraire basse. 

25 février 2018

Vis-à-vis de soi-même (L)

Etonnement vis-à-vis de soi-même
Impression de surprise par rapport à ses propres qualités mentales. L'un des dynamismes les plus de nature précoces du développement, cognitive, à l'œuvre dans la transition entre désintégration unilatérale et stratifiée, qui s'accompagne d'inquiétude et d'insatisfaction vis-à-vis de soi-même. 

Insatisfaction de soi-même
Capacité à désapprouver certains des éléments présents dans sa propre structure mentale; forme précoce du 3ème facteur, puissante force de motivation pour un développement conscient.

Inquiétude vis-à-vis de soi-même
Sensation de manque d'aisance avec soi-même ; l'un des dynamismes les plus précoces du développement marquant le début de la désintégration stratifiée.

Sujet-objet de soi-même
Capacité d'introspection à s'observer et s'évaluer soi-même de fagon critique, observée chez les individus en cours de développement accéléré et universel. L'intérét pour leur monde intérieur peut devenir momentanément prévalent sur l'intérét porté vers I'extérieur. L'introspection n'est pas seulement intellectuelle mais surtout émotionnelle. Forme d'instinct cognitif en corrélation avec le 3ème facteur, le centre de contrôle et l'idéal de la personnalité. L'un des principaux dynamismes à l'oeuvre dans la désintégration positive. 

24 février 2018

Potentiel de développement (L)

Potentiel de développement
Don qui gouverne le caractère et favorise la croissance psychique interne de l'individu. Plus ou moins développé, c'est le terreau du développement futur de la personnalité.
 
Potentiel de développement négatif
Prédisposition constitutionnelle à la psychose, la psychopathie ou le retard mental ou tout autre désordre sévère empéchant le développement ou conduisant à la dissolution de la vie mentale. 

Névroses (L)

Névroses
Perturbations mentales accompagnées d'un dysfonctionnement du systéme nerveux sympathique ou des désordres d'autres organes. S'accompagnent de désordres psychosomatiques. 

Psychonévrose
Syndrome qu'une désintégration positive est à l'œuvre avec des symptômes de dysharmonie, de conflits dans le milieu psychique interne et avec le milieu externe. La source de la dysharmonie et des conflits provient d'une douance héritée et d'une capacité à accélérer le développement par la désintégration positive vers l'atteinte de la personnalité, c'est-à-dire vers une structure cohérente des fonctions de l'intégration secondaire. La psychonévrose n'est pas considérée comme pathologique par la TDP mais plutôt comme des forces à l'oeuvre pour le développement mental. Les formes les plus primaires en sont la psycho-somatisation tandis que les formes les plus évoluées sont des luttes internes conscientes alors que les frustrations ne sont plus automatiquement converties en somatisation.

Psychonévrose existentielle
Psychonévrose apparaissant à un niveau de développement élevé dont les préoccupations dominantes sont existentielles ; selon le type de névroses (dépression, anxiété, obsessionnelle ou infantile) ses composants varient. 

Instincts (L)

L'instinct, c'est un dynamisme de base ou force présents dans la vie des êtres humains et des animaux.
Instincts primaires
Simples, automatiques, involontaires, inconscients ou faiblement conscients, stéréotypés et déterminés par la constitution de base, ils opérent au niveau de l'intégration primaire. Ils sont caractérisés par une grande intensité, un manque de flexibilité, de l'automatisme, de l'égocentrisme et le contröle par la biologie. Ils ne sont pas contrôlés par la réflexion, l'empathie ou l'inhibition.
Instinct d'auto- perfection
Tendance à vouloir atteindre des niveaux de développement élevés, mettant à contribution la totalité de la structure mentale de l'individu et plus particuliérement les sphères morale et empathique; s'éveille et se développe à la fois au niveau de la désintégration stratifiée, opère en collaboration avec le dynamisme de la transformation du milieu psychique, de l'idéal de la personnalité; conduit directement à la formation de la personnalité véritable.

Niveaux de développement (L)

Niveaux de développement
-Deux niveaux d'intégration : primaire (niveau 1) et secondaire (niveau 5)
-Trois niveaux de désintégration : unilatérale (niveau 2), stratifiée spontanée (niveau 3) et stratifiée
organisée (niveau 4).

Intégration
Incorporation de différentes fonctions dans une structure coordonnée, créant un équilibre dynamique,
contrepoids des réponses névrotiques. Correspond à un état et/ ou un fonctionnement stable et cohérent, sans trop de questionnement ni d'inconfort.

Développement unilatéral
Développement limité à un talent ou compétence, à une gamme limitée de capacités et fonctions mentales. A ce stade, on remarque l'absence d'instinct créatif et d'empathie. Tombant sous le contrôle d'un centre de contrôle primitif, peut conduire å la psychopathie et la paranoia.

Désintégration
Désorganisation, dissolution ou perte des fonctions et structures mentales. Processus pouvant permettre à certains individus de passer de l'intégration primaire à l'intégration secondaire. Peu atteignent néanmoins ce dernier. L'atteinte de l'intégration secondaire niveau correspond à la pleine réalisation de I'ldéal du soi.

Facteurs (L)

1er facteur
Biologie ; les éléments constitutionnels héréditaires, insuffisants pour un développement avancé. Correspond à l'instinct de survie biologique (faim, lutte pour survivre, reproduction...) qui aboutit, s'il n'est pas dépassé, à un besoin d'autosatisfaction, l'égocentrisme, l'obsession du succès matériel.

2ème facteur
Environnement, correspond à l'influence de l'éducation, de la socialisation, de l'autorité morale externe (parents, éducateurs...). L'esprit critique en est absent car la seule réponse disponible se fait par la conformité et le respect de la norme introjectée. Seul un potentiel de développement fort peut permettre de passer au 3è facteur, ce qui ne serait pas possible en présence seule d'un environnement positif.

3ème facteur
Indépendant des deux premiers facteurs (hérédité et environnement). Son rôle est d'opérer sélectivement dans le choix ou le rejet de certaines qualités, inclinations, intéréts ou désirs proposés par les 1er et 2ème facteurs. C'est un filtre. Dynamisme d'évaluation ayant un rôle primordial dans le développement de l'autonomie et de I'authenticité. Il émane d'une hérédité et d'un environnement positifs. 

Lexique (L)

Je vais dans les billets qui vont suivre définir des termes et des expressions propres à la théorie de la désintégration positive de Kazimierz Dabrowski. Chaque titre sera suivi de la lettre L entre parenthèse pour pouvoir identifier les billets concernant le lexique. De plus le libellé "lexique" sera attaché à chaque billet pour pouvoir le retrouver dans la liste de libellés.


19 février 2018

La peur de l'abîme (2) - Extraits

"J’ai écrit ce livre pour un type particulier de personnes, que je vois souvent dans ma pratique privée. Ces personnes — que j’appelle des « personnalités PCH » — ont des problèmes de perfectionnisme, de contrôle, et de honte, mais aussi des difficultés à prendre des décisions, pensent en termes rigides de tout-noir-ou-tout-blanc, vivent dans la crainte de la critique (surtout de l’autocritique), et ont une mauvaise estime de soi, entre autres caractéristiques. J’aime à me représenter les problèmes individuels de cette constellation PCH comme les rayons d’une roue. Le moyeu de la roue est ce que les personnalités PCH ressentent vraiment à l’intérieur, et qui conduit à tous ces problèmes. C’est le centre de cette roue qui doit guérir; alors toute la constellation de problèmes ou de symptômes peut disparaître."

"Ainsi, bien que la personnalité PCH puisse partager certains traits avec le trouble obsessionnel- compulsif, la plupart de mes patients viennent pour des dépressions, de l’anxiété ou des troubles panique. Parfois, ils ont déjà vu un autre thérapeute qui leur a dit que la thérapie cognitivo-comportementale était la plus adaptée pour leur anxiété ou leurs autres symptômes, laquelle enseigne des dispositifs d’adaptation pour atténuer et contrôler ces symptômes. Ils apprennent ces techniques mais ne sont pas satisfaits des résultats, parce qu’ils savent qu’à un certain niveau quelque chose génère les symptômes qu’ils continuent à affronter. Les symptômes traités ne sont que la manifestation de leurs sentiments sous-jacents, qui persistent même après avoir appris de nouvelles manières de « faire face ». Personne ne leur a jamais dit qu’ils pouvaient espérer réellement guérir, en atteignant le « moyeu » de leur personnalité, les dynamiques sous-jacentes qui les font souffrir. Ils n’ont jamais été invités à raconter leur « histoire », le récit de leur vie qui a conduit à des symptômes."

"J’ai constaté qu’à un niveau plus profond, les personnes souffrant d’une dynamique PCH ont ce que j’appelle une peur de l’abîme. Elles craignent qu’en abandonnant leur contrôle rigide, une très mauvaise personne, tapie dans leur côté sombre ou leur abîme, sera libérée et dominera leur personnalité. Ce qu’elles craignent souvent, c’est de devenir comme un parent ou une autre personne importante de leur enfance, dont ils abhorrent certaines habitudes, ou leur personnalité, et sentent qu’ils ont cela aussi en eux-mêmes. Pas étonnant que les personnes PCH ont une faible estime de soi. Personne ne peut se sentir bien en ayant l’impression d’avoir une sorte de monstre à l’intérieur — tout au contraire."

"Mes clients ayant des problèmes PCH ont toujours cet abîme, comme le bourreau de travail qui a peur d’être paresseux, ou celui qui doit s’en tenir à la vérité exacte, à tout moment, même au risque d’offenser les autres, parce qu’il craint d’être un menteur. Cette peur de l’Abîme s’enracine dans la croyance erronée que l’on doit cacher une partie de soi pour à tout prix garder le contrôle. C’est un gaspillage d’énergie que de passer sa vie à se défendre de ces sentiments douloureux et effrayants. Il est de loin préférable d’affronter les sentiments et de vivre pleinement."

"Pour vraiment modifier une personnalité, vous devez prendre conscience des pensées et des sentiments que vous ignoriez précédemment. Nous avons parlé, par exemple, du mode de pensée tout-noir-ou-tout-blanc et des associations rigides que font les personnes PCH. Rappelez-vous l’exemple de ceux qui se faisaient une idée précise d’une personne simplement parce qu’elle était en retard, ou qu’elle avait choisi de se teindre les cheveux. Vous vous souviendrez également de mes patients qui pensaient que le moindre mensonge était terrible et qu’ils devaient être brutalement honnêtes tout le temps. Mais pourquoi ces gens forment-ils ces associations spécifiques ? Je demande parfois à une personne PCH pourquoi elle a besoin d’être parfaite, et elle répondrait que du temps où elle était imparfaite, elle était soumise à des traitements humiliants ou cruels pour le fait de ne pas être parfaite. C’est une partie de la réponse, et c’est une bonne réponse d’un point de vue historique; cela explique comment le comportement ou sentiment s’est développé et a été renforcé dans le passé. Cependant, nous vivons dans le présent. Une réponse historique ne dit pas ce qu’il y a maintenant dans la tête et le cœur d’une personne."

"J’ai donné le nom d’abîme à la véritable peur sous-jacente des personnes PCH. Elle se manifeste sous différentes formes, à la manière d’un puits sans fond et obscur dans lequel on a toujours peur de chuter. L’abîme n’est pas l’image que vous voulez avoir de vous-même, mais c’est l’image que vous craignez et tenez à distance. Les rayons de la roue (les différentes manifestations de l’abîme) servent à rejeter de la conscience cette image de soi, de la nier, et de la diviser en de nombreux rayons ou problèmes dont nous avons parlé."

"L’abîme est alors l’image de soi, tant redoutée, qui va à l’encontre de l’image que l’on prétend avoir. Cette image de soi cachée est tellement crainte que l’on doit tomber dans l’excès contraire pour la nier. D’où vient l’abîme ? Bien sûr, il vient du passé; et il peut s’enraciner en particulier dans l’image qu’on a d’une autre personne. Nous entendons souvent les gens dire qu’ils ont peur d’être comme leur mère ou leur père. Au moment où ils disent cela, ils ont une certaine conscience de l’abîme, mais ils tombent alors dans l’extrême opposé, pour tenter de sur-compenser ces aspects redoutés de leur image de soi."

"L’abîme peut alors dissimuler un « autre » redoutable au sein de l’image de soi d’une personne. L’image de soi n’est pas forcément précise, mais elle a néanmoins une influence énorme sur la personnalité. L’image de soi qui représente « l’autre » redoutable est tenue à distance par les rayons de la roue, ce qui empêche la conscience de soi et la croissance émotionnelle."

"En plus d’être « l’autre » redoutable, l’abîme peut aussi être l’image de soi qu’a développé l’enfant, selon ce qu’il a entendu dire sur lui ou la façon dont il a été traité — c’est une vision déformée, cruelle, de soi-même. A l’âge adulte, certaines personnes se sentent toujours maladroites, stupides, ou inintéressantes, et font tout pour éviter de le savoir. Quand une personne a recours à un « rayon », la peur de l’abîme est activée, et elle réagit en prenant la forme d’un trait PCH. La personne qui fuit l’abîme crée sans le vouloir une prison qui devient émotionnellement étouffante. Pour de nombreuses personnes qui ont été maltraitées, l’abîme représente un de leurs parents. Elles pensent que si jamais elles sont en colère, elles vont devenir comme leur père ou mère violent(e). Elles savent, pas tout à fait consciemment, qu’elles sont déjà comme cette personne. Bien que vous puissiez ressentir de la colère, peut-être même de la rage — tout comme votre parent — vous avez aussi des valeurs, une maîtrise de soi et de nombreux traits positifs et rationnels. La voie de la guérison consiste à jeter une lumière sur votre abîme. Je veux dire par-là que ce n’est pas parce que vous affrontez des sentiments que vous allez agir sous leur emprise, et que reconnaître la rage et d’autres traits de l'abîme permet de les intégrer à de nombreux sentiments positifs."

La peur de l'abîme (1)

La plupart des livres de psychologie populaire ou de croissance personnelle aident les gens à mieux « faire face » à un problème spécifique qui les trouble. Bien que tout le monde ait besoin de ce genre d’aptitudes, ce sont des aides temporaires qui n’augmentent pas la compréhension et la conscience de soi, car ils ne traitent pas la cause à la racine du problème. En mettant l’accent sur un problème ou un trait spécifique, ils ne reconnaissent pas que ce trait fait partie d’une constellation plus large des problèmes interdépendants. Les livres de psychologie populaire davantage portés sur la spiritualité soulignent la « conscience », mais ne montrent pas aux gens comment aller au-delà de leurs défenses pour devenir vraiment conscient de soi. D’autres livres se concentrent sur une étiquette de diagnostic, tels que le « trouble panique » ou la « dépression », mais ne considèrent pas la nature des personnes avec ces étiquettes et leur cause.

Au travers de conseils spécifiques, la peur de l'abîme propose de soigner le noyau blessé de ceux pour qui le perfectionnisme et la honte sont des problèmes fondamentaux, quels que soient les problèmes ou diagnostics de surface. Ce livre les aide aussi à laisser tomber leur tendance à être « sur la défensive » ou inauthentique. De telles personnes redoutent des blessures émotionnelles, et forment des traits de personnalité pour s’en défendre. Le titre de l’ouvrage indique leur crainte la plus profonde — être la personne que l’on redoute, souvent un parent violent, ou ressembler au parent qui a agit de la sorte durant la petite enfance. Leurs craintes ont des répercussions intenses et multiples, dans la vie quotidienne et les relations. En suivant le chemin qui mène au noyau blessé, les lecteurs pourront développer une plus grande conscience de soi, remédiant à un large éventail de problèmes.

La peur de l'abîme simplifie des idées complexes et les rend accessible au profane. Des exercices guident progressivement et doucement le lecteur en profondeur et avec précision, au fur et à mesure de sa réceptivité. Des vignettes cliniques viennent illustrer les principaux points de chaque chapitre et témoignent du processus de guérison de différentes personnes.

(*) "La peur de l'abîme : guérir les blessures de la honte et du perfectionnisme" Aleta Edwards

13 février 2018

Alice Miller et "Le drame de l’enfant doué" (4)

Alice Miller a lutté pendant vingt-cinq ans contre les châtiments corporels – claques, fessées – infligés aux enfants. Les enfants humiliés et maltraités ne deviennent pas des monstres, mais tous les monstres ont été des enfants humiliés et maltraités. Devenu une évidence, ce constat n’allait pas de soi quand Alice Miller le formula au début des années 1980. Elle-même brimée par des parents meurtris par leur propre éducation, elle avait trouvé refuge dans la peinture et pris conscience de la charge d’angoisse imprimée dans son psychisme par son enfance. Après quelques années d’intense production créatrice, elle s'était mise à écrire pour partager les fruits de sa réflexion.

A l’origine de la violence que l’on s’inflige à soi-même ou que l’on fait subir à autrui, il y a toujours le meurtre de l’âme enfantine infligé aux petits par les adultes. C’est ce qu’Alice Miller appelle la « pédagogie noire », qui brise la volonté de l’enfant pour en faire un être docile et obéissant. La pierre angulaire de ce type d’éducation consiste à faire accepter à celui-ci qu’on « lui fait mal pour lui faire du bien ». Cette idée, développée par Alice Miller dans plusieurs de ses livres, dont Le Drame de l’enfant doué et C’est pour ton bien, met en relief le douloureux conflit intérieur que vit l’enfant : il souffre de la conduite de ses parents, mais l’accepte par amour pour eux.

S’appuyant sur les parcours de Dostoïevski, Virginia Woolf ou Arthur Rimbaud, frappés d’épilepsie, de dépression ou de cancer, Alice Miller défend l’idée qu’il existe une relation irréfutable entre le manque de « nourriture affective » et les maux dont notre corps souffre à l’âge adulte. Avec le temps, les émotions réprimées dans l’enfance (par peur des punitions) se transforment en maladies et dépendances diverses. Pour rompre ce cycle malheureux, la thérapeute préconise de briser les interdits, et en particulier de nous autoriser à ne pas aimer nos parents. Tout comme les victimes doivent cesser de trouver des circonstances atténuantes à leur bourreau, les enfants ont le droit de rompre avec le commandement biblique : « Tu honoreras ton père et ta mère. » Le thérapeute, un « témoin éclairé » « Nous bâtissons de hautes murailles pour nous protéger de la douloureuse histoire de notre propre enfance. Il nous faut abattre ce mur du silence, en nous-même et dans le monde qui nous entoure, retrouver l’enfant méprisé, abandonné, trahi que nous étions jadis. Nous devons apprendre d’où viennent nos souffrances, et que l’on peut en guérir. » Pour ouvrir les yeux sur ce que nous avons vécu enfant, nous avons besoin d’un « témoin éclairé », un thérapeute conscient des répercussions des carences affectives précoces. Ce principe d’empathie est à la base de la pratique thérapeutique d’Alice Miller. En nous aidant à ouvrir les yeux, ce témoin éclairé vient à bout de notre « cécité émotionnelle ».

Revenant sur sa propre histoire, Alice Miller montre combien on peut souffrir en essayant en vain de combler les attentes de ses parents. "Je ne dois aucune reconnaissance à mes parents pour m’avoir donné la vie, car je n’étais pas désirée. Leur union avait été le choix de leurs propres parents. Je fus conçue sans amour par deux enfants sages qui devaient obéissance à leurs parents et souhaitaient engendrer un garçon, afin de donner un petit-fils aux grands-pères. Il leur naquit une fille, qui essaya, pendant des décennies, de mettre en œuvre toutes ses facultés pour les rendre heureux, entreprise en réalité sans espoir. Mais cette enfant voulait survivre, et je n’eus d’autre choix que de multiplier les efforts. J’avais, dès le départ, reçu implicitement la mission d’apporter à mes parents la considération, les attentions et l’amour que leurs propres parents leur avaient refusés. Mais pour persister dans cette tentative, je dus renoncer à ma vérité, à mes véritables sentiments. J’avais beau m’évertuer à accomplir cette mission impossible, je fus longtemps rongée par de profonds sentiments de culpabilité. Par ailleurs, j’avais aussi une dette envers moi-même : ma propre vérité – en fait, j’ai commencé à m’en rendre compte en écrivant Le Drame de l’enfant doué, où tant de lecteurs se sont reconnus.

Néanmoins, même devenue adulte, j’ai continué des décennies durant à essayer de remplir auprès de mes compagnons, mes amis ou mes enfants la tâche que m’avaient fixée mes parents. Le sentiment de culpabilité m’étouffait presque quand je tentais de me dérober à l’exigence de devoir aider les autres et les sauver de leur désarroi. Je n’y ai réussi que très tard dans ma vie. Rompre avec la gratitude et le sentiment de culpabilité constitua, pour moi, un pas très important vers la libération de ma dépendance à l’égard des parents intériorisés.

Mais il en reste d’autres à franchir : celui, surtout, de l’abandon des attentes, du renoncement à l’espoir de connaître un jour ces échanges affectifs sincères, l’authentique communication, dont j’avais tellement manqué auprès de mes parents. Je les ai finalement connus auprès d’autres personnes, mais seulement après avoir déchiffré l’entière vérité sur mon enfance, avoir saisi qu’il m’était impossible de communiquer avec mes parents et mesuré combien j’en avais souffert. C’est alors seulement que j’ai trouvé des êtres capables de me comprendre et auprès desquels il m’était permis de m’exprimer librement et à cœur ouvert. Mes parents sont morts depuis longtemps, mais j’imagine aisément que le chemin est sensiblement plus difficile pour des gens dont les parents sont encore de ce monde.

« Les attentes datant de l’enfance peuvent être si fortes que l’on renonce à tout ce qui nous ferait du bien pour être enfin tel que le souhaitent les parents, car on ne veut surtout pas perdre l’illusion de l’amour. » 

10 février 2018

C'est comme ca que l'on s'est aimé

Pause musicale. Chanson kitsch, mais j'adore. Je me suis marié à une américaine, alors elle me parle. Claude François a chanté cette chanson avec sa dernière petite américaine Kathleen Jones.


Alice Miller et "Le drame de l’enfant doué" (3)

Dans son livre, Alice Miller se demande pourquoi tant d’'adultes, qui réussissent dans la vie, souffrent-ils de se sentir étrangers à eux-mêmes, intérieurement vides ? Les réponses de l'auteur à cette question ont aidé de nombreux lecteurs à trouver un accès à leur propre histoire et à découvrir que la partie précieuse de leur Soi leur était restée cachée jusqu'’alors (leur « drame »). Ses lecteurs sont encouragés à chercher les raisons de leur souffrance actuelle dans leur histoire, l'’histoire du petit enfant qui ne devait vivre que pour les besoins de ses parents en ignorant ou niant ses propres besoins. Au lieu de payer plus tard avec des dépressions et de nombreuses maladies corporelles pour cette auto-mutilation, l'’adulte peut s’'en libérer en trouvant l’'empathie pour l’'enfant qu'’il a été et pour sa souffrance muette. Aussitôt qu'’il assume sa vérité, bloquée si longtemps dans son corps, il peut commencer à regagner, pas à pas, sa vitalité, la vie authentique qu'’il n’'avait pas osé vivre. 

Personnellement, ce livre m'a été conseillé par une amie Suisse. Je n'ai pas envie de détailler ici les relations que j'entretiens avec mes parents, et notamment avec ma mère, mais je dois dire que ce livre m'a aidé à comprendre une chose inconcevable et inimaginable pour moi: mes parents ne sont pas foncièrement les meilleurs alliés dans mon dévelopement personnel.

Il y a sûrement une partie inconciente de leur part, qui leur vient de leur propre enfance. Mais les parents veulent notre "bien" en nous modelant à ce que la société veut de nous. L'idée, c'est qu'en étant modéré, poli, flexible, commun, on a plus de chance d'avoir une vie normale. En faisant ça, ils (les parents) construisent le masque que l'on doit porté toute sa vie, le faux soi qui nous...détruit à petit feu.

Voilà, je n'irais pas plus loin...car le sujet est toujours sensible pour moi, tant il a remué mes croyances et mes espérances. Lisez ce livre, il vous apportera quelques clés nécessaires à la découverte de votre vrai soi.

Alice Miller et "Le drame de l’enfant doué" (2)

Dans son livre "Le drame de l’enfant doué", sous-titré "La recherche du vrai Soi", Alice Miller écrit:

"Parce que la grandeur est la contrepartie de la dépression dans le trouble narcissique, la réalisation de la liberté des deux formes de perturbation est difficilement possible sans un profond deuil sur la situation de l'enfant (qui fût). Cette capacité de s'affliger, c'est-à-dire d'abandonner l'illusion de son enfance «heureuse», de ressentir et de reconnaître toute la souffrance qu'il a endurée, peut restaurer la vitalité et la créativité du dépressif et libérer la personne grandiose des efforts et de la dépendance à sa tâche de Sisyphe.

Si une personne est capable, au cours de ce long processus, de faire l'expérience du fait qu'il n'a jamais été aimé comme un enfant pour ce qu'il était mais était plutôt nécessaire et exploité pour ses accomplissements, succès et bonnes qualités - et qu'il a sacrifié son enfance pour cette forme d'amour - il sera très profondément ébranlé, mais un jour il ressentira le désir de mettre fin à ces efforts. Il découvrira en lui-même le besoin de vivre selon son vrai moi et ne sera plus forcé de gagner «l'amour» qui le laissera toujours les mains vides, puisqu'il est donné à son faux soi qu'il a commencé à identifier et à abandonner.

Le véritable opposé de la dépression n'est ni la gaieté ni l'absence de douleur, mais la vitalité - la liberté de ressentir des sentiments spontanés. Cela fait partie du kaléidoscope de la vie que ces sentiments ne sont pas seulement heureux, beaux ou bons, mais peuvent refléter toute la gamme de l'expérience humaine, y compris l'envie, la jalousie, la rage, le dégoût, l'avidité et le chagrin. Mais cette liberté ne peut être atteinte si ses racines d'enfance sont coupées. Notre accès au vrai soi n'est possible que lorsque nous n'avons plus à craindre le monde émotionnel intense de la petite enfance.

Une fois que nous avons expérimenté et sommes familiarisé avec ce monde, il n'est plus étrange et menaçant. Nous n'avons plus besoin de le cacher derrière les murs de l'illusion. Nous savons maintenant qui et quoi a causé notre douleur, et c'est précisément cette connaissance qui nous libère enfin de l'ancienne douleur."

Alice Miller et "Le drame de l’enfant doué" (1)

Alice Miller (1923-2010) est une doctoresse suisse en philosophie, psychologie, psychanalyste et chercheuse sur l'enfance. Ses ouvrages et ses thèses sur la violence cachée, qui selon elle caractérisent souvent les relations entre parents et enfants, l'ont rendue célèbre. À partir de 1980, sa réflexion sur ce sujet l'amène à une nouvelle approche de la thérapie à laquelle elle intègre, entre autres, le dessin. Figure influente et controversée, elle est souvent citée par des organisations internationales, pour son engagement contre les violences dites « ordinaires » faites aux enfants. Elle publie son premier livre "Le drame de l’enfant doué" en 1979.

Le drame de l’enfant doué, de l’enfant sensible et éveillé, consiste dans le fait qu’il ressent très tôt le besoin et les troubles de ses parents et s’y adapte. Il apprend alors à dissimuler ses sentiments les plus intenses, que ses parents supportent mal. Quoique ces sentiments, comme par exemple la colère, l’indignation, le désespoir, la jalousie ou la peur, puissent resurgir au cours de la vie future, ils ne seront pas intégrés à la personnalité. C’est ainsi que la partie la plus vitale de l’individu, la source du vrai Soi, ne sera pas vécue. Cette répression des sentiments mène, même chez des personnes très intelligentes et pleines de talent, à une insécurité sur le plan émotionnel s’exprimant soit dans la dépression (perte du Soi), soit dans la grandiosité – qui est en fait une défense contre la dépression. Les exemples décrit par l’auteur sensibilisent le lecteur à la souffrance inarticulée de ceux qui, comme enfant, n’ont pas eu la chance d’apprendre à vivre et à exprimer leurs vrais sentiments.

Miller a défini et élaboré les manifestations de la personnalité du traumatisme de l'enfance. Elle a abordé les deux réactions à la perte de l'amour dans l'enfance, la dépression et la grandeur; la prison intérieure, le cercle vicieux du mépris, les souvenirs refoulés, l'étiologie de la dépression, et comment le traumatisme de l'enfance se manifeste chez l'adulte.

Miller écrit:
"Très souvent, j'ai été confronté à des patients qui ont été loués et admirés pour leurs talents et leurs accomplissements. Selon les attitudes générales qui prévalent, ces personnes - la fierté de leurs parents - auraient dû avoir un fort sentiment d'assurance. Mais, c'est exactement le contraire qui se passait. Dans mon travail avec ces gens, j'ai trouvé que chacun d'entre eux a une enfance qui me semble significative:

-Il y avait une mère qui, au fond, était insécure sur le plan émotionnel, et qui reposait son équilibre narcissique sur le comportement de son enfant. Cette mère était capable de cacher son insécurité à l'enfant et à tout le monde derrière une façade dure, autoritaire et même totalitaire.

-Cet enfant avait une capacité étonnante à percevoir et à répondre intuitivement, c'est-à-dire, inconsciemment, aux besoin de sa mère ou des deux parents, en assume le rôle qui lui avait été inconsciemment assigné.

-Ce rôle assurait "l'amour" pour l'enfant, c'est-à-dire l'exploitation de ses parents. Il pouvait sentir qu'il était nécessaire, et ce besoin lui garantissait une mesure de sécurité existentielle.

Cette capacité est ensuite étendue et perfectionnée. Plus tard, ces enfants deviennent non seulement des mères (confidents, conseillers, sympathisants) de leurs propres mères, mais prennent également la responsabilité de leurs frères et sœurs et finissent par développer une sensibilité particulière aux signaux inconscients manifestant les besoins des autres."